
En Bourse, le titre Cellectis progresse de près de 23% sur les trois derniers mois. (Crédit : Adobe Stock)
A l'occasion de la publication des résultats annuels, André Choulika, le PDG de la biotech, cotée à Paris et au Nasdaq a voulu redonner des perspectives à ses actionnaires. Non sans un certain succès, puisque le cours de la société a rebondi de plus de 10%, soutenu aussi, il est vrai, par le relèvement de l'objectif de cours des a recommandation des analystes de Nomura/Instinet, passé de 43 à 73 dollars (soit 59 euros).
Coté pipeline, la société espère rebondir après un exercice 2017 marqué par la lenteur dans le recrutement des patients, des résultats mitigés et des retards. Produit le plus avancé du « pipeline » de Cellectis , UCART19 est un CAR-T (médicament conçu à partir de cellules T porteuses d'un récepteur chimérique) allogénique, c'est-à-dire prêt à l'emploi ou «sur l'étagère» (par opposition aux CAR-T autologues, élaborés pour chaque patient à partir de ses propres cellules).
Licencié au groupe Servier, il est développé dans la leucémie aigue lymphoblastique (LAL). Si les premiers résultats cliniques publiés en novembre dernier étaient mitigés (réponse complète chez cinq patients au bout de 28 jours, mais plusieurs rechutes après) l'étude se poursuit.
Cellectis compte sur la publication de nouvelles données (suivi des patients déjà traités, résultats sur d'autres patients en cours de recrutement) d'ici la fin de l'année. En 2019, ce sont des résultats sur un nombre important de patients («expansion de cohortes») qui sont attendus et qui pourraient servir de base au lancement d'une étude finale, dite d'enregistrement. Mais sur UCART19, c'est le groupe Servier qui tient les mannettes du développement… et de la communication.
UCART123 retourne en essais cliniques
Propriété de Cellectis, UCART123 a pu retourner en essais cliniques, en décembre, dans la leucémie aigue myéloïde et le néoplasme à cellules dendritiques plasmacytoïdes blastiques (BPDCN), après deux mois de suspension. Néanmoins Cellectis repart sur un processus d'escalade de doses, phase qui devrait durer douze mois, et qui est un préalable au lancement de la phase d'expansion, l'an prochain.
La biotech s'efforce aussi d'étoffer son «pipeline», le seul dans l'industrie pharmaceutique à compter des candidat-médicaments CAR-T allogéniques en phase clinique. Ainsi, UCART22, dans la leucémie aigue lymphoblastique à cellules B, devrait être prêt pour la clinique d'ici mi-2018. UCARTCS1 devrait suivre d'ici douze mois, dans le myélome multiple.
Cellectis compte sur son savoir-faire
Le développement clinique n'est pas la seule course dans laquelle Cellectis s'efforce de conserver son avance. La société a également communiqué sur ses efforts pour générer des nucléases TALEN – outils d'édition génomique issue de sa technologie propriétaire.
Ces nucléases sont capables non seulement d'éteindre le gène TCR (étape permettant de rendre le CAR-T allogénique, c'est-à-dire compatible avec tous les patients, mais aussi d'insérer le récepteur d'antigène chimérique sur les cellules, étape aujourd'hui réalisée via des vecteurs viraux qui posent des problèmes de précision. La production de ces CAR-T « deux en un » pourrait démarrer l'an prochain a indiqué André Choulika. Autre éléments clé, dans le processus de production des CAR-T : les rendements. Sur ce terrain aussi, Cellectis montre les muscles. La biotech affirme avoir atteint de hauts niveaux de rendements, à partir de sa technologie propriétaire d'électroporation, héritée de l'acquisition de Cytopulse en 2010, et qui permet l'introduction (« transduction ») de l'ARN messager codant pour le TALEN, à l'intérieur de la cellule.
Face à une concurrence qui se rapproche à coup de centaines de millions de dollars de développement R&D, d'acquisition et d'accords de licence (lire ci-dessous), Cellectis compte sur son savoir-faire pour conserver le leadership. Et si l'écart se réduit, ses compétiteurs n'ont pas, contrairement à Cellectis, encore connu les aléas de la clinique.
La société disposait à fin décembre de 297 millions de dollars de trésorerie nette, qui assure son autonomie financière jusque courant 2020.
L'avis de Marion Levy, analyste chez Bryan Garnier
"Seul en clinique, Cellectis est toujours leader dans le champ des CAR-T allogeniques, mais Celyad pourrait y entrer à son tour, dès cet été, avec CYAD-101. Les poids lourds du domaine travaillent eux aussi sur cette nouvelle génération de CAR-T. Ils s'appuient sur des technologies différentes, toutes offrant la possibilité d'éditer les génomes de manière rapide : les nucléases à doigts de zinc pour Gilead Sciences, le système CRISPR/Cas9 pour Novartis et Celgene. Ces technologies sont de véritables ciseaux moléculaires qui permettent de supprimer ou bien d'ajouter des gènes à un site précis du génome. Elles devront faire leur preuve face à Cellectis qui a, de son coté, démontré la fiabilité de sa propre technologie d'édition de génome, avec les nucléases TALEN. On voit aussi des innovations prometteuses dans le domaine des CAR-T autologues avec, entre autres, Poseida Therapeutics, qui utilise des cellules T souches, ou Autolus (IPO en cours sur le Nasdaq, ndlr) et ses CAR-T à double-cible. La compétition s'intensifie et le potentiel d'amélioration est immense, par rapport aux deux premiers CAR-T autologues approuvés l'an passé et désormais commercialisés (Kymriah de Novartis et Yescarta de Kite, ndlr)."
Derniers évènements dans le domaine des CAR-T
Aout 2017 :
Kymriah, CAR-T autologue développé par Novartis est autorisé par la FDA dans l'indication pédiatrique de la leucémie aigue lymphoblastique à cellules B pédiatrique.
Octobre 2017 :
Yescarta, CAR-T autologue développé par Kite Pharma, est autorisé par la FDA dans le lymphome diffus à grandes cellules B.
Gilead Sciences rachète Kite Pharma pour 11,9 milliards de dollars.
Janvier 2018 : Celgene annonce le rachat de Juno Therapeutics – malgré l'echec de son premier essai de phase III de CAR-T autologue - pour 9 milliards de dollars.
Février 2018 : Gilead passe un accord de licence avec Sangamo pour l'utilisation de la technologie d'édition génomique (nucléases à doigts de zinc) : 150 millions de dollars d'upfront, jusqu'à 3 milliards de paiements d'étapes.
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